21-02-2017 | di COOPI
Du côté des victimes de violence en Nord Kivu
Imaginez-vous de vivre dans la Province du Nord Kivu (République Démocratique du Congo), qui est affectée par les conflits depuis 2004 ; imaginez-vous d'avoir des enfants et de ne pas pouvoir les nourrir et les protéger par toute violence (physique et psychologique) inévitable dans une telle situation conflictuelle ; imaginez-vous de n'avoir personne pour vous aider à faire face aux traumas dérivant de tout cela. Une situation tragique en somme. C'est pourquoi en avril 2016- grâce à la contribution de la Commission Européenne- COOPI a ouvert un projet pour offrir un appui sanitaire et psychologique en faveur des survivants des formes de violence dans cette région frappée par une crise humanitaire, qui dure déjà depuis trop longtemps. Voici le témoignage d'une dame dont la fillette de 6 ans- victime d'une violence sexuelle- a été guérie par le Dr Mukwege de l'hôpital de Panzi, communément appelé «l'homme qui répare les femmes».
La violence subie était très grave
"Ma fillette de 6 ans avait été violée par un adulte jusqu'au point d'avoir une plaie très complexe au niveau de ses organes intimes. Les urines et les selles passaient par là. Suite à la sensibilisation que COOPI fait passer dans la communauté, proposant aux victimes de violences sexuelles de consulter directement les centres de santé qu'elle appuie et où les soins médicaux sont administrés gratuitement, j'avais amené ma fillette dans un de ces centres de santé. Le médecin qui avait visité l'enfant m'avait informée que le cas était très grave et qu'il ne pouvait rien faire pour mon enfant. C'est à ce moment-là qu'un agent COOPI m'a donné un billet de transfert vers l'hôpital général de référence de Kirotshe pour consulter un médecin spécialiste. À son tour, le médecin spécialiste a décidé de transférer ma fillette dans une autre province (Sud Kivu) pour qu'elle reçoive les soins adaptés à l'hôpital de Panzi. Notre voyage par bateau du Nord Kivu (Kirotshe - Goma) vers le Sud Kivu (Bukavu) a été organisé par COOPI et l'agent nous a accompagnées jusqu'à l'hôpital de Panzi.
L'homme qui répare les femmes
À l'hôpital de Panzi, nous avons été bien accueillies par un médecin très courtois qui m'a assuré que l'enfant serait suivie par le meilleur médecin spécialiste pour soigner son problème de perte de parole et sourire consécutif à l'incident de viol. Je n'étais pas persuadée par les dires du médecin, mais dès que j'ai entendu que le médecin qui allait prendre en charge ma fille était Dr Mukwege - renommé même dans mon village - j'avais déjà l'espoir de sa guérison. Ma petite a été opérée et suivie par Dr Mukwege jusqu'à la sortie de l'hôpital, environ deux mois plus tard. L'ambiance de l'hôpital de Panzi était idéale pour mettre à l'aise les enfants qui avaient subi toutes formes de violence : il y avait toujours des médecins qui jouaient avec mon enfant dans un espace de jeux prévu. C'est là qu'elle a repris le sourire et la parole. Au moment de la sortie, le Dr Mukwege est venu voir l'enfant, il nous a encouragées et il m'a donné un rendez-vous dans 60 jours pour le suivi. J'étais tellement contente de voir mon enfant reprendre le sourire et le bon fonctionnement de ses organes! De plus je n'ai même pas dépensé d'argent pour les soins de ma fillette jusqu'au retour dans mon village: tout a été pris en charge par COOPI et l'hôpital de Panzi.
Je remercie beaucoup COOPI pour son travail louable dans notre communauté et le Dr Mukwege avec son équipe pour avoir restitué à ma fille son innocence enfantine. Seul Dieu les paiera pour ce travail ! Je manque de mots pour dire "merci".