07-02-2017 | di COOPI
Chad : l'école en temps de crise humanitaire
C'est une belle journée dans la région du lac Chad, où au printemps du 2016 COOPI a activé un projet pour les jeunes concernés par la crise humanitaire. Le projet, réalisé avec le financement de l'Aide Humanitaire de l'Union Europèenne (ECHO), prévoie la mise en route d'activités d'éducation formelles et informelles et des activités psychosociales.
Sous le soleil de cette magnifique journée, une petite fille marche un peu dépaysée devant la petite école informelle créé par les coopérants à Melea, un site d'accueil pour les réfugiés et les évacués internes de la région du lac du Chad.
"Ciao, tu es nouvelle ? Quand es-tu arrivée? Moi, je m'appelle Azikiwe*, je suis arrivé ici avec ma mère et mes sept frères il y a 15 mois ", lui raconte un adolescent souriant d'environ 15 ans qui tient par la main une enfant plus petite. "Ciao Azikiwe je m'appelle Hala*, j'ai 14 ans et je suis arrivée depuis peu. Tout est neuf pour moi ici : avant cette année je n'étais jamais allée à l'école. Tu es vraiment chanceux d'avoir beaucoup de frères ici avec toi ! Moi je n'ai plus qu'une petite soeur car mes deux frères ainés ont été engagés dans les groupes armés ". Azikiwe sourie : "Moi aussi je n'avais jamais été à l'école avant d'arriver ici, mais ne t'inquiète pas : on apprend vite. Nous avons presque tous commencé par l'alphabet et nous avons fait des grands progrès. Je suis désolé pour tes frères ! Cependant , ce n'est pas toujours bien d'être une famille nombreuse : depuis que mon père a été tué par les combattants de Boko Haram maman , toute seule , ne peut pas s'occuper de nous tous et donc moi, qui suit plus grand, je dois forcément beaucoup l'aider. Je m'occupe surtout de mes petites soeurs , de fais de sorte qu'il ne leurs arrive rien, que personne ne les emporte avec lui ".
"Je suis désolé pour ton père !"
" ça été vraiment terrible et maintenant , nous tous nous avons besoin d'une aide psychologique pour surpasser ce trauma . Cependant, mon père était un homme courageux, ils nous ont bien pris en charge et il serait très content de savoir que maintenant je peux aller à l'école. J'ai seulement 15 ans, mais quand j'aurai terminé mes études, je deviendrai le chef de notre village . J'ai entendu parler des hommes habillés avec des vêtements sombres qui défendent les plus démunis : quand je serai grand, je voudrai être comme eux !".
"Moi aussi je veux aider les plus démunis quand je serai grande !", intervient Magriet* juste un peu plus jeune que Azikiwe et Hala. "Quand j'aurai fini mes études, je voudrais devenir infirmière, je le dis toujours à mes copines. J'aimerais bien qu'elles aussi elles continuent les cours pour que nous puissions travailler ensemble, quand on sera grandes mais Leila*, mon amie du coeur, pense de se marier l'année prochaine et je n'arrive pas à la convaincre de changer d'avis : elle a trop peur de ce que les autres pourraient penser." Leila est en train d'écouter, mais elle fait semblant de rien tout en coiffant les cheveux d'une de ses amies. Puis d'un coup, une voix adulte rappelle les enfants dans la classe pour reprendre les activités éducatives. En délaissant pour le moment les souvenirs de leur passé, les enfants, heureux, retournent à se concentrer sur les additions et les soustractions, motivés par la pensée d'un futur à construire qu'ils peuvent, finalement, s'imaginer.
* N.B. Si tous les noms sont de fantaisie, les histoires sont, désormais, toutes réelles.